Rameaux
Les paraguayens ont beau déplorer une baisse de religiosité et surtout de spiritualité dans la culture et la façon de vivre actuelle, les fêtes religieuses tiennent encore une place très importante dans la société et le calendrier. Si en France, le lundi de Pâques est férié (occasion de vivre le WE de Pâques en famille ... ou de se remettre de l'indigestion de chocolats ;-), ici ce sont les jeudi , vendredi et samedi Saints qui sont chômés. La semaine Sainte revêt une importance toute particulière. La plupart des activités cessent dès le mardi soir, et les paraguayens se retrouvent en famille pour vivre le triduum Pasqual. Les religieux et les représentants des communautés visitent les malades. On prend le temps de se retrouver et de se rapprocher de ceux que le rythme habituel empêche de visiter.
Déjà pour Noël, nous avions noté l'importance de la fête religieuse. Les crèches étaient partout présentes (dans le hall du parlement national, les mairies, commissariats de police, restaurants, devant toutes les maisons - dans le jardin ou devant l'entrée- ... ici, pas de débat sur la laïcité !!!). Durant tout le mois de novembre/décembre, les familles se visitaient et venaient voir la crèche des voisins, amis etc. C'était l'occasion de prendre des nouvelles, de partager le pan dulce (sorte de cake aux fruits confits), un alcool de fruits pour les plus âgés et quelques bonbons pour les plus jeunes. Traditionnellement, pas de sapin (il n'en pousse pas vraiment sous le climat tropical!!), mais des fleurs de coco devant la crèche.
Fête religieuse qui ravive le lien social et donne l'occasion d'accueillir chez soi. Les cadeaux n'étant traditionnellement portés aux enfants que le 6 janvier par les Mages, Noël demeure ici la célébration de la naissance de Jésus.
Ce matin, nous avons participé à la célébration des Rameaux dans le Bañado. Après la lecture de l'Evangile qui relate l'entrée triomphale du Christ à Jérusalem, toute l'assemblée s'est mise en marche dans une grande procession derrière une statue représentant Jésus sur un ânon. Elle a traversé tout le quartier, est passée par des campements de réfugiés, a coupé une grande artère dans laquelle la circulation a cessé pour laisser passer les pèlerins du jour, avant de rejoindre l'église pour la suite de la cérémonie. Chacun a chanté en castillan ou guarani en portant haut des rameaux tressés de feuilles de palmiers fleuris. A l'issue d'une célébration particulièrement joyeuse et chantante (tout en étant très recueillie!), les personnes se sont avancées pour la bénédiction des rameaux, et pour toucher la statue du Christ avant de reprendre le chemin de leurs foyers.
Ce besoin de contact, de toucher le Christ (en tout cas les statues qui le représentent) fait dire au Pa'i (Père en guarani) Irénéo avec un sourire un brin malicieux : "Ici la plupart des chrétiens vivent davantage la religion du Crucifié que celle du Ressuscité! Le Crucifié, on peut le voir, on peut le toucher, il reste sur la croix!"
Pour la semaine Sainte, les enfants ont une semaine de vacances; nous allons donc en profiter pour aller nous promener du côté de l'Argentine (renouvellement de nos passeports "oblige"!), des réductions jésuites et vivre la fin de la semaine dans le Campo à San Ignacio Guazu.
Bonne semaine à tous !